Bertrand Roiné

UNE AFFAIRE DE FAMILLE
Noyant-la-Gravoyère, 1 500 habitants, 400 spectateurs le dimanche dans le gymnase du village. C'est dans cet environnement, exclusivement baigné de l'ambiance handball, que Bertrand Roiné a passé ses plus jeunes années. Rapidement éduqué au sport de balle puisque ses deux frères aînés, pratiquants évidemment, initièrent le «petit» à l'activité. Bertrand était déjà un cas reconnu dans son fief. Différent des autres parce qu'il disposait d'un bras exceptionnel et d'aptitudes au dessus de la normale. Son destin était donc tracé à la section sport-études de Segré. Plus affirmé encore lorsque Noyant fusionna avec Angers. Bertrand Roiné fut intégré dès l'âge de 17 ans en deuxième division. Très rapidement, également, confronté aux aléas de la discipline. En 2001, il est opéré des ligaments croisés du genou droit. Deux ans plus tard, il subit la même intervention sur le genou gauche. Un mal de famille puisque son frère aîné, exposé aux mêmes blessures, renonça à poursuivre l'aventure. Pas Bertrand, très convoité dans le milieu mais, aussi, particulièrement prudent au moment de faire le grand saut. Chambéry a jeté son dévolu sur lui, c'est, pourtant, à Dunkerque qu'il ira. Il avait entendu qu'en Savoie, Philippe Gardent demandait beaucoup à ses joueurs sur le plan physique. Vu ses antécédents et une appréhension bien compréhensible, le défi lui paraissait impossible. Deux ans plus tard, cependant, c'est bien vers la Savoie qu'il se tournera pour relancer sa carrière. A 25 ans, en effet, l'arrière gauche n'a toujours pas confirmé son potentiel. Capable du meilleur et d'une efficacité exceptionnelle aux tirs, il souffre néanmoins d'une inconstance chronique. A son arrivée, Philippe Gardent évoque un défi personnel. «Il a tout. Il lui reste à régler ces problèmes d'efficacité à géométrie variable. Cela passe par davantage de concentration et de lucidité.» Si depuis, l'ancien Angevin a nettement progressé dans ce domaine, il n'a, malheureusement, pas encore atteint le niveau d'excellence de ses maîtres. Ceux de Fernandez, Karabatic, Narcisse, qui font la force de l'équipe de France. Cette concurrence d'ailleurs, comme un barrage repoussant, a longtemps tétanisé Roiné. Il dit, pourtant, avoir changé et évolué. Dans les chiffres, le rendement n'est alors pas aussi évident. Mais depuis l'amorce de la saison 2010-2011, Bertrand a indéniablement passé un cap et est devenu un maillon fort du collectif savoyard. Les progrès du garçon n'ont pas échappé au staff tricolore et pour la première fois, l'arrière a pris place dans l'avion qui transportait les Experts vers la Suède, théâtre du 22ème championnat du Monde. Le premier pour Roiné. Blessé au cours du tour principal, il a quitté la Scandinavie prématurément mais est revenu voir ses potes jouer la finale à Malmö.