Sébastien Ostertag

LE ZEBULON
Mieux que quiconque, il sait le poids du destin, les aléas et leurs conséquences. Avant, il n'était qu'un figurant, sollicité pour les Jeux Méditerranéens ou les tournées en Chine. Aujourd'hui, clin d'oeil des astres, il est un acteur que l'on convie aux castings les plus prestigieux. L'énergie déployée en 2008 pour intégrer la grande équipe de France, les multiples prestations dignes d'intérêt, le potentiel formidable, l'état d'esprit impeccable, n'avaient pourtant pas suffi à en faire un des interprètes de la pièce norvégienne. Concurrent de Laurent Busselier sur ce poste défendu par Olivier Girault, il avait accepté la mise à l'écart, d'autant plus imperturbable qu'il avait le sentiment d'avoir mis tout son cœur, toutes ses facultés à l'ouvrage. Mais alors qu'il s'apprêtait à Livry-Gargan, qu'il avait rangé l'habit de lumière et renfilé celui de Tremblay-en-France, il reçut ce coup de fil impromptu, cette invitation à se rendre à Trondheim de toute urgence afin de pallier la blessure de son ancien rival... Sébastien Ostertag est donc l'un des médaillés de la dernière édition de l'Euro, presque un miraculé. Fidèle à un département, la Seine-Saint-Denis, à ce club de Livry-Gargan dont il défendit les couleurs pendant presque vingt ans, il aurait pu achever sa carrière sans connaître ce type d'honneurs, sans goûter à d'autres joies que celles dispensées par les joutes domestiques, puisqu'il avait même poliment décliné une invitation à rejoindre la Liga espagnole, il y a une dizaine d'années... Son talent ne prête à aucune discussion. Il avait à peine six ans lorsqu'il hantait les préaux de la proche banlieue parisienne, un ballon toujours entre les mains, couvé du regard par les membres d'une famille entièrement investie dans la discipline. Très tôt, il a sauté haut, couru vite. Plus haut et plus vite que les autres gamins de son âge. Mais sa taille modeste (1,73 m) devait alors être considérée comme un handicap rédhibitoire par les recruteurs des sélections de jeunes... Aujourd'hui encore il étonne par cette explosivité, cette détente surtout. On loue les aptitudes d'un Daniel Narcisse, d'un Luc Abalo, mais il n'a sans doute rien à leur envier en termes de conquête des espaces. Et puis, après un temps d'apprentissage, il a pris la mesure de ce nouveau contexte, intégré ses devoirs et ses exigences. Privé de Pékin, l'ailier est convié en Croatie par Claude Onesta. Mais se blesse avant même les premiers échanges face à l'Argentine. Vite remis sur pied par le staff médical, il fait finalement son retour en piste. Dans un rôle de doublure de Michaël Guigou, il profite du dernier match « en bois » du tour principal face aux Croates pour exposer ses talents de contre-attaquant, pour afficher toute son adresse. A bientôt 31 ans, Sébastien rêve désormais de vivre l'épopée autrichienne. De goûter, comme l'an passé, à de nouveaux bonheurs, des bonheurs rares et inestimables.