Samuel Honrubia

Il y a eu cette première sortie. Aux confins de la Lettonie, pour un match de qualification au championnat d'Europe qui n'avait d'intérêt que d'offrir aux bleus des Bleus de s'éprouver sous la tunique tricolore. Et puis cet épisode islandais. Cette tournée, cette fois, au milieu des plus grands. Des Fernandez, Dinart, Karabatic. Sur cette terre mystérieuse, Samuel, a enfilé, de nouveau, le maillot des Experts. Et marché dans les pas des Barjots, ceux de 1995, qui, à Reykjavik, avaient conquis le premier titre planétaire du handball français. Cette finale, « Samy » n'a eu de cesse de la regarder sur une cassette VHS conservée par son papa. Parce qu'il s'est très vite passionné pour l'ensemble de Richardson, Volle et Gardent. L'Islande, donc, aurait pu être un joli souvenir. S'il n'y avait pas eu l'éruption du volcan Eyjafjöll. coupable d'avoir paralysé pendant plusieurs jours le trafic aérien. Coupable, aussi, d'avoir gâché le périple des Experts, contraints de supporter plus de trente heures de bus pour rallier leurs chaumières. La mésaventure fait désormais partie du passé, mais l'ailier de Montpellier n'a pas oublié l'épisode. « Un calvaire », résume-t-il. Le gamin de Béziers a davantage goûté la gourmandise suédoise. Lui qui, dès l'âge de 9 ans, savait ce qu'il voulait faire de sa vie. Jouer au handball. La révélation a lieu un soir de 1995 lorsque son papa l'emmène voir un match entre l'OM-Vitrolles et Montpellier. Une rencontre capitale pour le titre de champion de France. Sous les yeux du minot, Grégory Anquetil régale la foule de ses prouesses. Samuel est conquis. La passion se transforme alors en vocation. Déterminé, il intègre le centre de formation de Montpellier. Le MAHB le couve, le façonne. Jusqu'en 2006 où le jeune homme signe son premier contrat professionnel. Et puis vînt la première fois. Cette première rencontre au cœur de l'élite. Lui même confesse qu'il n'a jamais, alors, eu aussi peur de sa vie. Dans l'ombre de Michaël Guigou, l'indéboulonnable ailier du MAHB, Samuel apprend, se nourrit. Et quand lors de la saison 2007/2008, Guigou se blesse, il saisit sa chance et croque dans l'occasion à pleines dents. Tant et si bien qu'il est élu meilleur ailier gauche de la Ligue Nationale de Handball. La progression est constante. Le garçon a des qualités. Plein de simplicité, il sait se montrer sobre et efficace. Personne n'est donc surpris quand Claude Onesta l'invite dans le grand bal mondial après le tournoi FDJ de Paris. En Suède, Samuel assume rapidement le rôle qu'on lui attribue. Mika Guigou toujours convalescent en début d'exercice, Honrubia le remplace avec brio. En coulisses, il est un jeune homme souriant. Jamais bien loin d'une guitare dégotée à Kristianstad et dont il fait régulièrement profiter ses potes de l'équipe de France. Evidemment, le gamin de Béziers n'oubliera rien de ces instants rares. Parce qu'on n'oublie pas une première fois, surtout quand elle s'achève sur une première gourmandise en or.