Jérôme Fernandez

jérôme fernandez

LE GRAND SAGE
Tout laissait à penser qu'il allait vivre aux JO de Pékin un grand moment. Jérôme Fernandez ne pouvait évidemment pas se satisfaire de ce drôle d'exercice barcelonais. Humilié parfois, frustré souvent, il a vécu l'essentiel de la saison 2007-2008 sans titre, sur le banc ou dans les tribunes, victime d'un jeu de dupes, d'enjeux politiques misérables et navrants. Après six années au Barça, Jérôme s'attendait évidemment à plus de considération, quelques égards même. Il en fallait heureusement plus pour perturber le grand de Cenon. En astrologie chinoise, il est du signe du serpent. Et en Chine, le serpent est associé à la sagesse. Jérôme Fernandez, oui, est un sage, qui a su conserver cette distance sans laquelle on se laisse entraîner dans les mauvaises spirales, attirer dans les impasses. Alors, oui, il avait besoin de la Chine, pour se reconstruire. Sans doute, ne s'attendait-il pas à vivre à Pékin, un destin hors du commun. Il faut savoir qu'en dix ans, il n'a manqué qu'une compétition, l'Euro 2000, la faute à une grave brûlure qui l'a longtemps handicapé. La blessure l'a rendu plus fort, plus mature. Alors, quand l'artilleur des Bleus se blesse aux JO 2008, la main brisée, dès le premier tour, malgré sa tristesse, personne ne s'étonne qu'il choisisse de rester auprès des siens. Premier supporter des Experts. Ses copains exigeront sa présence sur le podium, alors que le protocole n'autorise que quinze joueurs. Au long de toutes ces épopées, l'ancien de Carbon-Blanc a marqué l'histoire de sa discipline à de multiples reprises, même si l'on se souvient, d'abord, de son fameux week-end de Bercy, en 2001, de sa pharaonique deuxième mi-temps de la demi-finale et de son insolence des premiers instants de la finale. Sans doute ce Mondial l'a t-il transformé. Même s'il a sûrement moins changé que le regard des autres à son endroit. Jérôme Fernandez a longtemps été un incompris. Les gens ne voyaient en lui qu'un impitoyable buteur, imaginaient qu'avec son envergure, son bras, il devait se contenter de martyriser les gardiens sans relâche. Lui aimait le jeu, le beau jeu, ainsi que ses variantes. Le tir comme la passe. Il s'est même découvert, lors de son passage à Montpellier, l'âme d'un défenseur. Jouer et rendre les autres meilleurs, voilà sa quête. Quitte à emprunter des chemins parfois hasardeux. A Bercy, en 2008, à l'occasion du TQO, il a franchi la barre mythique des mille buts, approché le record tout aussi mythique du grand Frédéric Volle. Car, qu'il le veuille ou non, Jérôme Fernandez est avant tout un buteur. Un garçon droit aussi. C'est sans doute pour toutes ces raisons qu'à l'automne 2008, Claude Onesta lui confie le brassard de capitaine pour succéder à Olivier Girault. Eblouissant de régularité en Croatie, il mène sa troupe sur le toit du monde. Les larmes le submergent après le sacre. De bonheur, bien sûr, mais aussi de tristesse. Quelques heures avant le duel explosif face à la bande de Balic, Fernand avait appris une fort triste nouvelle. Mais oui, Jérôme est grand. Un grand et bel arrière. Un leader de grande sagesse. Un grand homme, tout simplement. Lassé de la situation inconfortable dans laquelle il se trouvait à Barcelone, il a rejoint l'ennemi héréditaire, mais surtout l'un des plus grands clubs du Monde. Ciudad Real et sa ribambelle de stars, son palmarès gargantuesque. Là-bas, il a retrouvé Didier Dinart et Luc Abalo, a remporté une nouvelle Ligue des Champions au printemps 2009. Puis s'est envolé vers Kiel, à l'automne 2010, pour rejoindre l'autre grand d'Europe et son ami Thierry Omeyer. Désormais, alors qu'approche l'heure du retour au pays, le Grand Fernand n'a plus qu'un souhait, prendre du plaisir et goûter, encore, aux joies indéfinissables que procurent les titres avec ses potes de l'équipe de France.

Profil
FERNANDEZ Jérôme Numéro:2
Surnom:Fernand Arrière Gauche
Né le 07/03/1977-Cenon(33) 1m99-106kg
Club: Toulouse (France) 323 sélections-1284 buts