LE MAGICIEN Etait-ce bien une vocation ? Et puis avait-il conscience de ses qualités ? Sans aucun doute, non. Luc Abalo a appris le handball par hasard. On peut bien parler d'accident parce que son destin se dessina derrière des copains qui avaient décidé de s'essayer à la pratique. Pour ne pas les quitter, il les suit avant d'intégrer rapidement, à Ivry-sur-Seine, la section handball de la vénérable maison de la rue Robespierre. A l'image de son jeu, déroutant, l'ailier aime provoquer en affirmant qu'il ne se sentait pas l'âme d'un sportif. Souvent, il met en avant la peinture, le dessin, «ses» arts majeurs, ceux qu'il entend manier jusqu'au bout de la vie. Il y a peu, il aimait encore expliquer que sa seule préoccupation, était de trouver une maison à Ciudad Real, bien insonorisée, afin d'y jouer à toute heure du jour et de la nuit de la guitare électrique. C'est désormais chose faite. Luc Abalo oubliera simplement de vous dire qu'il a intégré la formation de Ciudad Real, il y a maintenant deux ans, le meilleur club du monde, avec qui il a tout raflé sur la scène espagnole en 2009 et décroché la plus prestigieuse des décorations : la Ligue des Champions face à l'autre monstre sacré du handball européen, l'allemand de Kiel. Ainsi est Luc Abalo, l'acrobate, l'inventeur, le magicien, il est un atypique autant dans l'approche de son sport que dans sa pratique. Il a une détente -et un temps de suspension- unique au monde, une vitesse incomparable. Il dispose d'une adresse diabolique, d'une capacité d'improvisation rarement vue à un tel niveau. Il a, enfin, l'art de marquer des buts venus d'ailleurs. D'apprivoiser le cuir comme personne. Un gosse toujours capable de travestir la réalité quand on s'émerveille du don que lui a offert la nature. «Je fais simplement ce que l'on me demande, sans essayer d'en rajouter. » Par pudeur vis-à-vis des autres. Cet homme-là est un trésor qui s'ignore. Ou qui ne veut pas s'exposer puisqu'il a décidé de rester dans le même statut que tous ses partenaires de l'équipe de France. Ni plus haut, ni plus bas. A Pékin, il a tenu son rang, est grimpé pour la deuxième fois sur la plus haute marche d'un podium, après le sacre européen de 2006, où il avait fait figure de révélation. Et puis, en Croatie, d'abord hésitant, il s'est exposé sans fard, recevant à deux reprises le titre de meilleur joueur du match. Homme de la demi-finale, il sort tête basse. Exclu des débats à quelques minutes du terme pour avoir tiré de façon involontaire un jet de sept mètres au visage du portier danois. Pas de quoi entaché, pourtant, sa prestation. Pékin, Zagreb, Vienne, Ciudad... Là où il passe, son art a le don de soulever l'admiration. Abalo est un phénomène qui régale les foules de ses hardiesses un peu plus, jour après jour. Chacune de ses sorties est le théâtre de nouvelles extravagances, de ses dernières fantaisies. C'est aussi un garçon avide de découvertes. Gourmand de connaissances. Riche, curieux. Un jeune homme ouvert sur le monde en plus d'être un des joueurs les plus exceptionnels que la planète handball ait eu l'occasion de voir.
ABALO Luc | Numéro:19 |
Surnom:Lucio | Ailier droit |
Né le 06/09/1984-Ivry sur Seine(94) | 1m82-80kg |
Club: Atletico Madrid (Espagne) | 138 sélections-471 buts |